Qui n'a pas entendu parler du changement climatique ? Ce phénomène qui modifie les climats, les températures, les précipitations... Et même si cela ne vient pas à l'esprit du consommateur, ces changements ont des répercussions sur la culture et les plantations de thé dans le monde. Je vais vous expliquer pourquoi...
Un peu de théorie pour commencer. Une plantation est une culture qu'il faut envisager sur le long terme, car un théier va être planté et être "exploité" pendant une cinquantaine d'années. Une fois implanté, il ne peut pas être déplacé ou remplacé facilement. Donc si le climat d'une région se modifie, il faut l'anticiper et penser les nouveaux jardins différemment ou les délocaliser. Des recherches récentes montrent que les régions de production de thé pourraient diminuer dans certaines parties du monde jusqu'à 55% au cours des prochaines décennies et que même les qualités, en particulier pour les thés haut de gamme, pourraient également changer. Tout ça n'est pas anodin, car si les producteurs n'agissent pas maintenant, quel thé aurons-nous dans nos tasses demain ?
Mais cela pose aussi la question de la difficulté de bien produire, de récolter un thé de qualité et en des quantités satisfaisantes ? Ces critères sont importants, car ils ont une influence direct sur le consommateur. Si votre thé n'est plus aussi bon vous changerez, ou si il devient inabordable vous ne l'achèterez plus. Et la vie de toute une économie en dépend : producteurs, cueilleurs, vendeurs. Pour vous donnez un exemple, dans le Yunnan, le thé est un revenu primordial pour sa population. Depuis des centaines d'années, il rythme la vie au fil des saisons. Un consortium de chercheurs a déjà remarqué que sur les 10 dernières années, une modification a eu lieu. Leurs premiers résultats suggèrent que la précipitation moyenne quotidienne a diminué pendant la saison des pluies et a augmenté pendant la saison sèche, bien qu'il existe de grandes différences à travers le Yunnan. Et les récentes conditions de mousson ont entraîné une augmentation de 50% de la quantité de thé produite, mais une diminution de 50% dans certains des composés qui donnent aux thés Yunnan leur saveur distincte. Ce constat n'est pas un cas isolé, des modifications se font de partout.
D'ailleurs ces problèmes se font ressentir dès aujourd'hui. Cette année, par exemple, a été difficile pour la production de Rooïbos en Afrique du Sud, ce qui a fait considérablement augmenté le prix de vente de cette infusion.
Mais malgré ces menaces, il faut garder l'espoir car ce phénomène n'est pas récent et les producteurs s'adaptent déjà aux conditions changeantes. Ils réfléchissent pour trouver les bonnes solutions et agir en fonction de ces changements inéluctables. La culture du thé étant basé sur l'empirisme, l'adaptation se fera petit à petit à travers le monde. Donc ne nous affolons pas, même si les prix flamberont de temps en temps, avec le temps notre précieuse liqueur devrait être sauvegardée.
Je vous souhaite une bonne semaine.
Amicalement,
Chrystel
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